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slobodan despot - Page 10

  • La revue de presse d'un esprit libre... (27)

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    La revue de presse de Pierre Bérard

    Au sommaire :

    À découvrir sur le site de l’Iliade, Institut pour la longue mémoire européenne, les différentes interventions qui ont scandé son colloque du 18 mars sur le thème  « transmettre ou disparaitre » ainsi qu'une superbe déclamation de « La mort du loup » (Alfred de Vigny). À remarquer la martiale conclusion de Jean-Yves Le Gallou qui laisse présager que l’objet de la lutte entreprise ne sera pas un dîner de gala (première référence). Compte-rendu du colloque sur Breizh info (seconde référence).
     
     
    Chroniques d’Alain de Benoist sur Boulevard Voltaire. L’une sur le sujet de la « post vérité »et les « fake news » (première référence), l’autre à propos de la doxa contemporaine qui voudrait qu’il y ait trop de fonctionnaires (deuxième référence).
     
     
     
    Deux bonnes recensions du moment populiste, le dernier livre d’Alain de Benoist. Par Jean-Paul Brighelli tout d’abord. Présenté comme un ouvrage « intensément érudit qui explore toutes les facettes d’un mot qui pue un peu aux narines des crétins ». Brighelli fait une genèse rapide de la réalité du populisme en France et analyse son passage, via Georges Marchais, d’une configuration « d’extrême droite » dans laquelle il s’inscrivait autrefois jusqu’à aujourd’hui où il a glissé de son terroir d’origine jusqu’à devenir « l’oeil du cyclone à partir duquel se définissent les politiques ». Il poursuit son analyse énonçant que « de Marine Le Pen à Jean-Luc Mélenchon en 
    passant par Nicolas Dupont-Aignan et tout ce qui reste du chevènementisme, ce sont moins les politiques qui parlent au peuple que le peuple qui parle aux politiques ». Il rappelle les conclusions de Christophe Guilluy montrant que droite et gauche méprisent la France périphérique (et la France tout court) s’attirant les représailles électorales d’un peuple qui se sent légitimement abandonné (première référence). La seconde recension, parfaitement construite est signée du pseudonyme de Nicopol. Elle est parue sur le site d’Agora-vox. Alors que le mandat moral que s’assignent les médias nous somme de considérer les populismes comme autant de vulgaires flatteries des « bas instincts du peuple », le tout balafré d’autoritarisme « fascistoïde », il nous rappelle que le populisme est un authentique courant de l’histoire contemporaine et en précise l’origine, l’esprit et les manifestations actuelles (seconde référence). 
     
     
     
    L’OJIM publie un article consacré au dossier de la revue Éléments sur « Le parti des médias en accusation ». L’OJIM insiste tout particulièrement sur la collaboration de Slobodan Despot démontrant qu’avec l’arrivée des GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple) dans l’élaboration du nouvel index, les géants de la Toile vont produire de l’information ou la contrôler réduisant ainsi au chômage les journalistes du Monde qui se sont, avec une légèreté burlesque, eux-mêmes soumis au piège…
     
     
    Le site Polémia dénonce dans un article de Benjamin Dormann la tartuferie d’Emmanuel Macron concernant sa « success-story-telling ». Elle répand le brouillard sur cette réalité abrupte qu’il est le candidat choisi de longue date par les principaux réseaux de décideurs français et internationaux (Bilderberg, Young Leader, membre de la commission Attali). Des appartenances qui ne font jamais l’objet d’interrogations ni de questions de la part d’une presse enamourée qui préfère concentrer les tirs des « journalistes d’investigation » sur les minuscules « affaires » du candidat Fillon. Benjamin Dormann est l’auteur de l’indispensable « Ils ont acheté la presse » (Éditions Picollec) et a participé au dossier de la dernière livraison d’Éléments sur « La chute de l’empire médiatique ».
     
    Bataille de chiffonniers à grands jets d’eau de Vichy entre les amis du milliardaire Marc Ladreit de Lacharrière (Revue de deux mondes) et ceux du Monde (Xavier Niel, Matthieu Pigasse et Pierre Bergé) autour du « Pénélopegate » Chronique drolatique proposée par l’OJIM.
     
     
    Pour Xavier Théry (sur « Causeur ») les sondages enregistrent quatre phénomènes d’ampleur qui posent d’ores et déjà le résultat des prochaines élections comme « révolutionnaire ». À quoi tient cette révolution ? Essentiellement au fait que les deux partis de l’alternance unique, le PS et Les Républicains ne franchissent pas la barrière du premier tour devancés qu’ils sont par Marine Le Pen et Emmanuel Macron qu’il a le tort de présenter comme un « candidat sorti de nulle part ». Plus intéressant, il identifie ces quatre bouleversements électoraux à « la manifestation d’un fossé de plus en plus profond qui sépare les électeurs des élus, les habitants des métropoles des habitants de la France périphérique, les exclus de la mondialisation des inclus de la société libérales ». Le jeu de massacre ne fait peut-être que commencer, conclue-t-il.
     
     
    Les bourdes qu’amasse Emmanuel Macron comme autant de lacunes (la Guyane est une île, Villeurbanne banlieue de Lille, il n’y a pas de culture française, des femmes députés en 1905 etc) exhibent sa nature de candidat hors-sol. Fringant certes, mais ayant oublié tout ce qui peut rattacher un président de la République à la terre de France. 
    Pour Arnaud Benedetti sa stratégie de communication est en train de se fissurer, « trop de com' finissant par tuer la com’ » et le vide du jeune impétrant achevant de se découvrir, l’indulgence dont il bénéficiait jusqu’alors pourrait bientôt lui faire défaut.
     
     
     
    L’Express de Drahi lâche-t-il Macron ? Éditorial de Christophe Barbier. Alors que la baudruche Macron ne vit que par la perfusion incessante du parti des média, si ceux-ci commencent à le larguer, n’est ce pas la preuve que malgré leurs efforts incessants, il est beaucoup plus bas dans les sondages que ce que l’on voudrait nous le faire accroire ?
     
     
    Xavier Moreau livre ses commentaires sur ce que pourrait être la relation entre une France dirigée par François Fillon et la Russie de Vladimir Poutine. Il évoque, dans ce cas précis le « nettoyage » qu’il conviendrait d’opérer aux ministère de la défense et des affaire étrangères.
     
     
    Le député François Cornut-Gentille tire la sonnette d’alarme en présentant, le 28 mars, un rapport au vitriol consacré au transport stratégique de l’armée française qui met notre pays dans une situation de dépendance vis à vis des affréteurs russes. En effet la réussite de nos opérations extérieurs dépend pour l’essentiel des Antonov An-124 aux capacités d’emport cinq fois supérieures à celle de l’Airbus A400M. Conclusion du député « Dans les faits, ce sont les Russes et les Ukrainiens qui ont la maîtrise de la projection de nos forces… C’est une véritable épée de Damoclès suspendue au dessus d'une France assujettie au bon vouloir de Vladimir Poutine ».
     
     
    À l’heure où les médias occidentaux s’émeuvent de l’arrestation d’Alexeï Navalny et de sa condamnation à deux semaines de détention par les autorités russes le site d’Égalité & Réconciliation remet en ligne bien à propos cette vidéo de Xavier Moreau enregistrée en février 2015. Il y retrace le portrait passablement étonnant du militant anti-corruption célébré en Europe comme un martyr de l’autoritarisme poutinien et il ressort de ces informations que l’icône désignée par l’Occident pour une possible révolution de couleur n’est pas si blanche qu’attendue.
     
     
    Jean-Claude Empereur dans un article de la « Revue politique et Parlementaire », reproduit ici par Breizh info. « Atlantisme et eurasisme, encerclement et contre encerclement de la terre du milieu au XXI siècle ». Une grande leçon de géopolitique dont nos « élites » seraient bien avisées de s'inspirer.
     
     
    David Simonnet, ancien élève de l’ESSEC et enseignant à Paris I est Pdg d’un groupe industriel. Il vient de lancer « Géopolitique &Entreprise », lettre de réflexion associée à la revue « Conflits ». Il est ici interrogé par Bruno Racouchot. Au terme de l’entretien, parlant des frontières, il évoque le fait que celles-ci n’ont pas disparu « mais qu’elles avaient été occultées par une représentation de la mondialisation conçue comme une dynamique effaçant les logiques de puissance associées à la géographie. Nous sommes dans un cycle de redécouverte des frontières ».
     
     
    Article du Figaro sur Le camp des saints. Si l’on en croit cette enquête l’Alt Right américaine et son principal animateur, Steve Bannon, devenu un conseiller influent de Donald Trump aurait été véritablement « marabouté » par l’ouvrage de  Jean Raspail.
     
     
    Steve Bannon, celui que la presse mainstream décrit comme le Dark Vador de la Maison-Blanche est ici passé aux rayons X par l’universitaire américain Jeremy Stubbs pour « Causeur ».
     
     
     
    Le Saker Francophone publie un article d’Alastair Crooke, ancien haut diplomate britannique qui a servi dans le renseignement  et au plus haut niveau de l’Union européenne. Celui-ci insiste tout particulièrement sur la notion du temps cyclique de Steve Bannon et sur les rapports qu’il en tire à propos de la crise sociale et financière que nous traversons.
     
     
    Éric Zemmour s’en prend au Trissotin et au Diafoirus de la géographie, Michel Lussault, également grand manitou de la désastreuse réforme des collèges voulu par Najat Vallaud-Belkacem.
     
     
    Le 28 mars le même Éric Zemmour chronique le déplacement de Marine à Moscou où elle a été reçue comme un chef d’État par Vladimir Poutine, montrant ainsi qu’elle n’est pas isolée sur la scène internationale. d’après Zemmour elle aurait été « adoubée » par le chef de l’État russe comme d’autres viennent se faire cornaquer à Berlin pour recevoir l’aman de la chancelière Angela Merkel (Fillon et Macron). Il poursuit « Le combat idéologique de notre siècle est entre la démocratie libérale et la démocratie illibérale chère au Hongrois Victor Orban. Dans la première l’individu est roi. Dans le seconde, le peuple est roi ».
     
    Jean-Yves Le Gallou déplore à juste titre que les médias ne diffusent que l’opinion autorisée à propos de l’islam. Il regrette ainsi que son apologie systématique ne puisse être balancée par des avis contraires, la disputatio des intelligences, comme l’exigerait l’esprit de confrontation des opinions encouragé par les Lumières dont se réclament curieusement les mêmes médias. 
     
     
     
    Dans leur émission hebdomadaire I-Média Jean-Yves Le Gallou et Hervé Grandchamp instruisent le procès du service public de l’information et dénoncent notamment le 
    coté partial de David Pujadas, le grand ordonnateur des émission politiques sur France 2, qui ne traite pas tous les candidats aux présidentielles de façon identique. Ils abordent ensuite la starisation de Macron dans la presse et dans les sondages et parlent enfin du fameux « cabinet noir » en relation avec l'Élysée évoqué par François Fillon. En fin de séquence Le Gallou tresse des louanges à la dernière livraison d’Éléments.
     
     
     
    Dans son émission hebdomadaire consacrée à l’histoire Philippe Conrad présente un numéro entièrement centré sur l’historiographie de la guerre d’Espagne. Occasion d’inviter 
    Arnaud Imatz qui s’attache à montrer les enjeux de cette guerre civile dont on ne connait en France que la version partiale et totalement fantasmé de l’extrême gauche relayée par les médias de grand chemin.
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  • La chute de l'empire médiatique...

    Le nouveau numéro de la revue Eléments (n°165, mars - avril 2017) est disponible en kiosque ce jour.

    A côté d'un entretien décapant avec Christophe Guilluy et du dossier consacré à la crise des médias,  on trouvera les rubriques «Cartouches», «Le combat des idées» et «Panorama» et, comme toujours, une superbe iconographie.

    Bonne lecture !

    Vous pouvez commander ce numéro ou vous abonner sur le site de la revue : http://www.revue-elements.com.

     

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    Au sommaire de ce numéro :

     

    L'éditorial d'Alain de Benoist : Trois tigres et un canard sans tête

    Forum          

    L’entretien

    Christophe Guilluy dit tout

    Cartouches

    Le regard d’Olivier François : Le parlement du peuple

    Une fin du monde sans importance de Xavier Eman

    Cinéma : Borowczyk, l'outrage aux bonnes moeurs

    Champs de bataille : Montségur par la face Est

    Musique : Des voix corses pour toutes les victimes de la Grande Guerre

    Duellistes : David L'Epée versus Alexandre Devecchio

    Archaion : Éloge du polythéisme

    Sciences

    Le combat des idées

    Les catholiques combien de divisions

    La tentation populiste

    Antigone, la tragédie des tragédies

    David Bowie, le caméléon de la pop

    Houellebecq, le Père Ubu à l'hypermarché

    Présence de Dominique de Roux

    Les souvenirs de Jacqueline de Roux

    Michel Marmin sur grand écran

    Les confidences de Michel Marmin

    Du côté des romans romands

    Walter Benjamin, révolutionnaire conservateur

     

    Dossier

    La chute de l'empire médiatique

    Entretien avec Ingrid Riocreux

    Toute la vérité sur la « post-vérité »

    Le nouvel Index : du Decodex à Desintox

    Travail, famille, paillettes

    Rencontre avec Robert Ménard

    Entretien avec Claude Chollet

    Nos chers, très chers médias

     

    Panorama

    L’œil de Slobodan Despot

    Série télé : Silicon Valley

    Philosophie : Présent et passé ?

    L’esprit des lieux : Reykjavik

    C’était dans Éléments : Les dieux maudits

    Éphémérides

     

     

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  • L’ère des coquilles vides...

    Nous reproduisons ci-dessous la suite d'une réflexion entamée par Slobodan Despot dans la lettre d'Antipresse et consacrée au Système et à sa dernière création... Écrivain et éditeur, Slobodan Despot est l'auteur de recueils de chroniques mordantes, comme Despotica (Xénia, 2010) et Nouvelleaks (Xénia, 2015), et d'un merveilleux petit roman intitulé Le Miel (Gallimard, 2014).

    Vous pouvez lire ici la première et la deuxième partie de cette réflexion :

    Le cœur du Système, I

    Le cœur du Système, II

     

     

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    L’ère des coquilles vides (Le cœur du Système, III)

    Nous évoluons désormais dans des systèmes sédévacantistes: des systèmes fondés sur la souveraineté populaire, mais où le siège du souverain est vide.

    Après la perte du Tao vient la bonté.

    Après la perte de la bonté vient la vertu.

    Après la perte de la vertu vient la justice.

    Après la perte de la justice vient le rite.

    Le rite est l’écorce de la droiture et de la sincérité et le commencement du désordre.

    (Livre du Tao, ch. XXXVIII)

    Le plus étrange printemps français

    La France ne respire plus en cette veille de présidentielle. La sidération est universelle: comment en est-on arrivé là? D’où sort ce Rastignac de synthèse dont on parle partout? Où sont passés les partis qui régnaient hier encore?

    La comète Macron® a troué le firmament politique français et entraîné dans son sillage les décombres de tout ce qu’on pouvait appeler le «centre». Ne restent à leur place que le FN et son miroir, Mélenchon. Et tous contemplent l’improbable fuite en avant de Fillon, qui impose l’admiration par son entêtement même.

    Les formes sont respectées, et d’autant plus qu’elles sont totalement creuses. La traque au Fillon est certes légale, mais son calendrier compromet sa légitimité. On a oublié les leçons du XXe siècle, où rien ne fut plus légaliste que les régimes totalitaires.

    C’est l’une de ces évidences qu’on n’ose même plus rappeler publiquement, tant elles sont… évidentes. Du point de vue de l’intérêt public, il est ainsi infiniment moins grave de surpayer sa femme et ses enfants que de déposséder la nation du fleuron de son économie comme l’a fait Macron® entre autres en vendant Alsthom à General Electric. A moins de quarante ans, le joli Emmanuel s’est déjà illustré comme l’un des plus redoutables prédateurs du patrimoine industriel français, mais nul ne le lui reprochera. Qu’a-t-on à lui reprocher si tout est légal? Ne vivons-nous pas sous un état de droit? L’intérêt public n’est codifié ni par un article de loi, ni par un impératif moral. On lui reprochera peut-être, mollement, ses cachotteries fiscales ou sa promotion payée sur la caisse de l’État. Mais ces licences restent peu de chose auprès des conséquences de son action ministérielle.

    Ce qui a vraiment changé

    Le phénomène Macron® est incompréhensible dans le cadre de la culture politique dans laquelle nous avons été élevés. Il relève pourtant d’une réalité qui ne date pas d’hier: la réalité de ces pouvoirs de l’ombre que dénonçait dès 1958 le Président de Simenon dans son prophétique discours à l’Assemblée. Une Assemblée «où les partis ne sont plus que des syndicats d’intérêts».

    Rien de nouveau sous le soleil, alors? Si, justement: le fait que tout se joue en plein soleil et non plus en coulisses. Plus besoin de longues ascensions, d’«entrisme», de double jeu ni de double langage. Plus besoin même de l’ébauche d’un programme. Bien au contraire. Les spin-doctors vous le diront: dans une campagne de pure «comm» politique, mettre en avant un contenu est «clivant» et donc dangereux. M. Hollande avait promis des choses qu’il n’a pas tenues ni ne pouvait tenir: il n’a fait que décevoir. Un candidat qui ne promet rien ne déçoit personne. Son argument n’est pas de l’ordre de la promesse, mais du charme. Il suffit d’être «dans le vent»: s’assurer de toujours tenir le couteau par le manche. Et puis, bien entendu, bénéficier de la bienveillance fidèle d’un nombre prépondérant de médias, ce dont le candidat s’est assuré tant par ses relations personnelles que par ses services rendus à leurs patrons.

    Là encore, ce ne sont que truismes. Macron® exploite à l’extrême la stratégie du look et les complaisances du système. Ce n’est même pas de sa faute. Il incarne la fin de vie d’une Ve république aussi adaptée à ce temps que le télégraphe ou la machine à écrire. Il a émergé à la faveur d’une innovation venue on ne sait d’où. Ou plutôt non: venue on sait d’où: d’Amérique. Les soudaines primaires qui, à droite comme à gauche, ont propulsé des candidats extrêmes, ouvrant un boulevard pour l’extrême… centre! Mais cela encore — les primaires — fait partie de la révolution dont nous sommes témoins.

    Ce qui est nouveau en 2017, c’est la carte blanche laissée à cette hypnose collective déguisée en changement politique. Les règles du jeu sont rebattues du jour au lendemain. Des figures apparaissent et disparaissent comme par enchantement. Les mensonges sont sans conséquences. Le ludion peut bien se prétendre «anti-système» bien qu’il en soit un pur produit, soutenir que le libéralisme est «une valeur de gauche», et même déclarer ringard le processus électoral en soi: nul ne lui en tient rigueur sinon ses adversaires politiques — dont la position est par définition suspecte de parti pris. L’arbitrage de la décence n’existe plus. Au milieu du balancier, là où les intérêts s’annulent et où il ne reste que le jugement mûr et impartial, il n’y a plus personne.

    Ce n’est pas que le poste en question ait jadis été occupé par des personnes en particulier. C’est tout simplement que la décence commune, l’objectivité et la logique ne guident plus le débat public. Pas plus que la raison d’État, la raison politique tout court. Le jeu des institutions est devenu mobile, tournoyant, comme une scène de théâtre. Comme s’il se jouait dans des couloirs déserts. Comme si le navire de l’Etat était devenu une coquille vide. Exit les institutions et les partis. Voici venu le temps des des manieurs d’opinion.

    Le règne de la carpe et du lapin

    Le petit Macron® est un péril avéré pour l’intérêt national, mais il est «propre sur lui» (en comparaison d’autres, en tout cas). Il est l’antipode exact du prince de Talleyrand, qui était une crapule cynique, «de la merde dans un bas de soie» (selon Bonaparte), mais dont l’expérience et le sens de l’État ont sauvé la France lors du Congrès de Vienne en 1815. Il s’enrichit certes au passage, mais la mémoire de la nation a su faire la part des choses.

    De Talleyrand à Macron®, un paramètre de la vie publique a fondamentalement changé. La raison et le bon sens ont fait place à une alliance mortelle, l’alliance entre les clercs et les magistrats, entre la morale et le droit.

    La morale et le droit sont le marteau et l’enclume entre lesquels tout ce qui nous a définis au cours des siècles se fait tailler en pièces au jour le jour. Raison d’État, coutumes et mœurs innées, modes de gouvernement public et privé, expressions d’identité: tout y passe. Une caste s’est cristallisée, possédant à la fois une idéologie rigide et les moyens de la traduire rapidement en articles de loi. Et le bon peuple observe médusé, la bouche ouverte et les bras ballants, comment des bizarreries dont il se gaussait la veille encore deviennent les nouvelles normes au petit matin. «Mariage pour tous! Non mais quoi encore? Pourquoi pas les noces de la carpe et du lapin!» Et hop! Essayez aujourd’hui de vous moquer de cet acquis définitif de l’humanisme

    L’avantage de la stratégie du choc juridique, c’est qu’elle est une crémaillère. Une fois qu’une loi a fait «clic», grâce au lobbying des minorités, des «représentants de la société civile» (nouvel avatar des pouvoirs illégitimes) ou des corporations, propulsée au besoin par la vague émotionnelle des tsunamis médiatiques, elle est verrouillée pour de bon. Revenir en arrière? Impossible. Il y faudrait des majorités parlementaires, impossibles à réunir dès lors qu’il s’agit de contrer les intérêts de la suprasociété. Les «élus», une fois élus, ne rêvent que d’être recrutés. Le suffrage de la masse ne leur sert que de strapontin pour accéder au monde de quelques-uns. A-t-on vu des chiens pisser dans leur gamelle?

    Même les Suisses, avec leur système unique au monde de démocratie directe, peinent à détricoter la camisole que leur impose un establishment apatride. De plus en plus souvent l’on voit les décisions les plus souveraines, celles obtenues par référendum, rester lettre morte. Incompatibilité avec la législation européenne, les fatwas de la CEDH ou on ne sait quel décret de quelle institution sans mandat populaire: les juristes trient et censurent, déplaçant la souveraineté du peuple vers la primauté du droit.

    Le peuple? Quel peuple?

    C’est bien le problème: nous évoluons désormais dans des systèmes sédévacantistes: des systèmes fondés sur la souveraineté populaire, mais où le siège du souverain est vide.

    En France, la souveraineté du peuple n’est qu’une pétition révocable par le pouvoir législatif (comme l’a montré l’annulation du référendum sur la Constitution européenne), et le pouvoir législatif n’est qu’un consultant de l’exécutif (art. 49.3). On le sait, la patrie de la Révolution n’a jamais cessé d’être une monarchie. Mais il y a un fait nouveau. Les monarchies éprouvent de temps à autre le besoin de recourir au peuple, ce recours que la France ne connaît ni ne comprend plus. Le Front national est devenu, pour ainsi dire, l’interprète exclusif de l’entité «peuple», son ventriloque. Mais de quel peuple parle-t-on?

    Dans son livre Fin de partie — Requiem pour l’élection présidentielle, Vincent Coussedière semble considérer cette question comme le seul et unique enjeu de cet étrange printemps. Le défi lancé au pays, écrit-il, ne se résume pas à choisir l’homme (ou la femme) le plus capable de gouverner. «Le défi est un défi archi-politique, qui consiste à réinstituer un peuple capable de légitimer un homme.»

    Nul ne semble s’apercevoir de l’inanité des systèmes de gouvernement modernes où le principal intéressé, ce souverain qui les légitime, est écarté des débats, atomisé, réduit en une bouillie muette et indifférenciée, l’équivalent du raya infidèle sous un pouvoir islamique. Le gouvernement pour le peuple et par le peuple est peut-être une illusion, mais un gouvernement contre le peuple et pourtant en son nom est une absurdité de phase terminale qui conduit sûrement à la catastrophe. C’est en son nom que les oligarchies aujourd’hui hissent pignon sur rue avec des hologrammes de type Macron® — afin d’achever de le réduire à une masse servile.

    Slobodan Despot (Lettre d’information ANTIPRESSE n°67, 12 mars 2017)

     

    PS. — La France des gens normaux retrouvera-t-elle la voix? Je me le demande chaque fois que je passe deux ou trois jours à Paris, à entendre et observer. Les classes y sont séparées comme au cordeau, par la tenue, le maintien, la manière de s’exprimer. Il y a ceux d’en bas, qui disent «bonjour» en trois syllabes (bonjourreuh) et mettent des chuintantes à la fin des mots comme les clercs serviles des romans de Gogol (ouiche, merciche). Il y a le «personnel technique», sécurité et services, qui, vivant dans la crainte, semble parler à contrecœur pour aussitôt se dédire de chaque mot prononcé, comme le caméléon ravale sa langue. Et puis la caste des bureaucrates et des cadres supérieurs, qui gutturalisent et se portent raides et précautionneux tels des vizirs sous leurs grands turbans, imitant la démarche ondoyante et majestueuse de leurs chameaux. Ceux-là ne voient personne autour d’eux. Ils oublient que c’est à cause de leurs turbans, qui les obligeaient à construire des navires trop hauts, que les amiraux turcs ont été ratatinés à Lépante. Le réveil d’un «peuple», on l’a vu en Russie, passe par la confusion, même éphémère, de ces castes cloisonnées qui se repoussent comme l’huile et l’eau.

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  • Le cœur du Système... (2)

    Nous reproduisons ci-dessous la suite d'une réflexion entamée par Slobodan Despot dans la lettre d'Antipresse et consacrée au Système... Écrivain et éditeur, Slobodan Despot est l'auteur de recueils de chroniques mordantes, comme Despotica (Xénia, 2010) et Nouvelleaks (Xénia, 2015), et d'un merveilleux petit roman intitulé Le Miel (Gallimard, 2014).

    Vous pouvez lire ici la première partie de cette réflexion : Le cœur du Système, I

     

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    Leur nom est Légion (Le cœur du Système, II)

    [Jésus] lui disait : “Esprit impur, sors de cet homme.” Et il lui demanda : “Quel est ton nom?” Et il répondit: “Mon nom est Légion, car nous sommes nombreux”.» (Marc 5:8,9)

    Il y a quelque chose d’insuffisant, d’insatisfaisant et de superficiel dans la manière dont on critique la propagande des médias de grand chemin et peut-être plus encore dans la manière dont on y répond.

    Cette même observation, on peut l’étendre également à la révolte contre le système politique qui s’organise de plus en plus ouvertement au détriment du bien commun alors qu’il est élu et financé par la communauté des citoyens.

    Peut-on penser sérieusement que les dégâts infligés par des médias partiaux seront corrigés par des médias vertueux? Misera-t-on sur une neutralisation de leur penchant «progressiste-globaliste» par la poussée contraire (conservatrice et nationaliste ou local-patriotique) des «altermédias»? Ou alors, par un décret de régulation universelle, imposera-t-on un équilibrage quantitatif des thèses et des partis pris au sein de chaque pôle d’information financé peu ou prou par l’État? Un coup à droite, un coup à gauche, une tribune «lobby homo» pour une tribune «lobby des familles»?

    C’est dérisoire, on le voit bien. Mais que proposer d’autre, en l’état?

    De la même manière, par quoi remplacera-t-on le cartel de partis clonés les uns sur les autres — malgré les divergences de façade — qui pratiquent tous la même cuisine avec plus ou moins de sel et qui prétendent représenter et guider les peuples d’Europe depuis la dernière guerre? Balancera-t-on l’influence néfaste d’un parti d’apparatchiks globalistes par un parti d’apparatchiks identitaires? Même s’il apparaît de plus en plus clair que l’ensemble de la classe politique européenne est composé d’hologrammes et de drones humains pilotés d’outre-Atlantique ou d’on ne sait quelle stratosphère, que va-t-on bien pouvoir faire d’elle? La retourner, par l’entrisme, la corruption ou la subversion? Mais qui financera un si vaste chantier quand tout l’argent est justement de l’autre côté? La renverser pacifiquement? Mais elle tient toutes les clefs du système législatif et juridique qu’elle a elle-même tricoté pour son propre confort. La renverser par la force? Mais elle détient le monopole de la coercition face à des populations vaccinées contre tout recours à la force légitime par plus d’un demi-siècle d’éducation ciblée.

    Enfin, et même si le Système actuel, profondément terré dans l’entre-soi, devait être remplacé, qui nous dit que son remplaçant serait plus équitable et plus respectueux du bien commun? A titre d’exemple: si le Ministère de l’information actuellement revendiqué par Le Monde devait tomber aux mains des protagonistes de la «réinformation», l’information résultante serait-elle plus honnête et plus équilibrée?

    Derrière l’information, la formation

    Si nous poussons plus loin le questionnement: avons-nous vraiment besoin d’une information de masse? Dans quelle mesure nous informe-t-elle vraiment? Un ami m’a fait part d’une expérience faite avec des jeunes étudiants aspirant à des fonctions de cadres dans la société actuelle. Ces jeunes réputés instruits ne consommaient pas vraiment les médias «de référence», mais ils étaient constamment «en réseau» et «sur les réseaux», et s’estimaient donc informés à la minute. Lorsque le conférencier leur a demandé de résumer une seule nouvelle apprise le même jour, ils en ont été incapables. Leur «information» consiste en un brouhaha quasi subliminal où des mots-clefs et des thèses simples martelés à l’infini leur infusent des comportements et des attitudes sans les armer du moindre argument susceptible de les justifier. Mais à quoi bon les arguments, quand la masse (de mots, de voix, de chiffres) décide de tout?

    On croit que le système d’information n’a pour but que de diffuser des informations et qu’il dysfonctionne lorsque ces informations entrent violemment en collision avec la réalité vécue. Et puis l’on constate, pantois, que le démenti du réel ne change rien au fonctionnement du système.

    On serait moins surpris si l’on revenait au sens même du mot. L’information n’est autre que la formation du dedans. Le façonnage de notre univers mental. Cela n’a un rapport avec la vérité des faits que si le pouvoir qui nous façonne a le culte de la vérité des faits. Aucun pouvoir ne l’a eu, celui d’aujourd’hui moins encore que les précédents. C’est pourquoi le système ne manque pas de pare-feux, y compris et surtout d’ordre philosophique: qu’est-ce que la réalité? Qu’est-ce que la vérité? Et un fait, comment le définit-on?

    Sitôt que vous entrez sur ce terrain, vous voilà perdus. Vous êtes seul avec votre bon sens, la culture que vous avez pu accumuler et les syllogismes candidement produits par votre logique innée. Bref: votre éducation ancestrale, familiale et spontanée qui, elle, a le culte de la vérité des faits. (Car 2 et 2 ne font 4 que pour les petites gens.) En face: une batterie de spécialistes, d’experts, de professeurs, de consultants, de communicants répétant les mêmes phrases, ou peu s’en faut. Et derrière eux: des millions de pages de thèses, de rapports, de mémoires, des milliers d’années de séminaires, de formations et de colloques servant de caution à des thèses simplettes dont un enfant saisirait la fausseté. Face à cette armada parlant d’une même voix, le bon sens solitaire n’a aucune chance. L’adversaire a pensé à tout, il a tout organisé. Il a mis en doute les fondements mêmes de la vérité intellectuelle, de la vérité «objective», et discrédité les lois de la logique. En sorte que n’importe quelle sornette, fût-elle totalement absurde, puisse lui servir de malleus maleficarum (marteau des sorcières) pour peu qu’elle émane des lieux du pouvoir.

    Par exemple, dans l’actualité récente: comment tant de gens réputés intelligents et instruits peuvent-ils vouloir imposer aux Syriens ou aux Ukrainiens ces mêmes terroristes, ces mêmes nazis qu’ils prétendent combattre chez eux? Ou alors, comment peuvent-ils, au nom du civisme et de la démocratie, favoriser en Europe l’expansion d’une religion politique impliquant un modèle social totalement incompatible avec ces mêmes valeurs?

    Un esprit enfantin, mais logique, ne le pourrait pas. Eux le peuvent. Ils ont déployé, depuis plus d’un siècle, le fleuron de l’esprit rationnel et de la pensée objective dans le but de mettre à bas la rationalité et l’objectivité. Cette même rationalité, cette même objectivité, qui permettaient à un Montaigne, un Pascal ou à un Pierre Beyle de résister au Système de leur temps et de préserver leur personnalité. Or la cohérence intellectuelle, de l’aube du XXe siècle à nos jours, a conduit tant de brillants esprits à la clinique psychiatrique ou, carrément, à la folie par l’isolation. Car le système s’est armé et s’est dévoyé plus vite que les individus.

    Seuls face à l’Ordre

    Le système d’information, de même que la comédie politique, ne sont que les émanations ostensibles d’une structure cachée, comme les champignons poussent sur le réseau souterrain du mycélium. Cette structure est invisible pour les hommes comme la mer l’est pour les poissons. Elle constitue l’Ordre même, la loi selon laquelle nous vivons et que l’immense majorité ne songera jamais à transgresser, car elle n’en est même pas consciente.

    L’Ordre traditionnel s’appuyait sur la religion, le pouvoir politique et le pouvoir guerrier. L’Ordre moderne repose sur le pouvoir politique, le système d’information, l’économie et la formation. La formation a remplacé la religion comme productrice des dogmes fondamentaux servant à la fois d’orientation et d’alibis aux pouvoirs temporels. La politique, l’information et l’économie elle-même sont tributaires des dogmes de la formation. La formation, autrement dit le système académique, est en réalité le pouvoir suprême, même s’il se prostitue volontiers aux trois autres.

    Le système académique américain est en première ligne dans la guerre menée par des minorités agissantes contre le nouveau président élu, dont le péché tient primordialement à des délits verbaux contre des dogmes de nature religieuse. Ceux-là mêmes qu’édicte — en matière de races, de sexes, etc. — le système académique et que les autres pouvoirs sont tenus d’intégrer, sous peine de… malleus maleficarum. De l’autre côté, l’adversaire du président élu, Hillary Clinton, jouissait d’un appui ferme des milieux académiques malgré ses colossales compromissions, car elle en était elle-même issue en tant qu’avocate.

    Par ailleurs, le «tireur de ficelles» le plus influent et le plus agissant dans le monde contemporain, George Soros, n’a pas construit son modèle d’influence sur l’argent. Au contraire: ses milliards ne sont que le nerf de la guerre. Ce qu’il met au premier plan, jusque dans l’appellation de son organe central, l’Open Society Foundation, est un concept académique: la «société ouverte». On ne saurait tenir les pères de cette idée — Bergson et Popper — pour responsables des manœuvres et des complots auxquels l’implantation de la «société ouverte» a servi de couverture. Là n’est pas le propos. Le propos, c’est que cette idée-là fournissait le meilleur cadre pour l’instauration d’un gouvernement financier planétaire («…réformes économiques, sociales et légales favorisant l’implantation de l’économie libre de marché»). Exactement comme la noble mission d’évangéliser les païens a servi, au temps des Conquêtes, d’alibi pour un accaparement économique d’une envergure encore jamais vue dans l’histoire.

    (On oublie trop aisément que l’expansion mondialiste et l’idéologie correspondante sont nées au XVe siècle: heureusement que Pierre Legendre est là pour nous le rappeler!)

    La cape d’invisibilité

    Il est amusant de voir l’opiniâtreté myope avec laquelle certains milieux combattent les «idées de la franc-maçonnerie» — autrement dit le projet d’une humanité sans frontières gouvernée par une élite éclairée — quand ces mêmes idées, dans leur version publique, règnent sans concurrence dans l’ensemble des universités du monde occidental et au-delà! Et donc, par effet de cascade, dans l’ensemble des systèmes de formation. Les mêmes «réacs» renient-ils leurs diplômes d’études supérieures et ceux de leurs enfants? Et comment pensent-ils revenir à des sociétés «fermées» (nationales, ethniques, tribales, etc.) fondées sur des «traditions» quand leur progéniture est mise en garde contre le «repli» et les «préjugés» à chaque jour qu’elle passe en formation, de l’école primaire à l’université? Leur projet est voué à l’échec parce qu’ils ne perçoivent pas le cadre global de leur politique, sa note de base.

    Le grand avantage de la religion académique sur les religions classiques tient justement dans son invisibilité. Grâce à son arrière-plan scientiste, elle n’apparaît pas comme une institution idéologique, mais comme une traduction transparente des lois objectives de la nature. Son prestige est immense et son impersonnalité lui assure adhésion des médiocres et des conformistes. Le grand C. S. Lewis avait très bien identifié ce tour de passe-passe dans son essai sur L’Abolition de l’Homme. Il l’a sublimement illustré dans Au-delà de la planète silencieuse, son roman de S. F. sur une Terre «bâillonnée» par la secte scientiste. Mais pour l’immense majorité des modernes, les dogmes de la religion académique sont aussi imperceptibles que le bourdon d’un raga indien pour une oreille distraite. Quand on confond un ordre politique et intellectuel avec l’ordre du monde lui-même, celui qui pense autrement apparaît comme une monstruosité de la nature. On peut l’éliminer sans état d’âme, au même titre qu’une nuisance. Cette assurance de l’esprit adossé aux «lois objectives» explique, entre autres, l’inhumanité absolue du système marxiste soviétique.

    Que pèsent les partis pris du système d’information ou de la classe politique face à ce conditionnement fondamental? Ils ne sont que la cerise sur le gâteau. C’est l’ensemble d’une vision du monde qu’il s’agit de reconstruire, repenser le monde selon notre «évidence» comme aurait dit Albert Caraco, et décomposer en petits rouages chacun de nos concepts, au risque du blasphème et du reniement complet. Qui en aura le courage et la force d’âme?

    Slobodan Despot (Antipresse n° 65, 26 février 2017)

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  • Le cœur du Système...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Slobodan Despot, cueilli dans la lettre d'Antipresse et consacré à ce système dont il est de bon ton de nier l'existence... Ecrivain et éditeur, Slobodan Despot est l'auteur de recueils de chroniques mordantes, comme Despotica (Xénia, 2010) et Nouvelleaks (Xénia, 2015), et d'un merveilleux petit roman intitulé Le Miel (Gallimard, 2014).

     

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    Le cœur du Système

    «La propagande sert davantage à nous justifier nous-mêmes qu’à convaincre les autres; plus nous avons de raisons de nous sentir coupables, et plus fervente sera notre propagande.» (Eric Hoffer, The True Believer: Thoughts on the Nature of Mass Movements)

    Dans Le Maître et Marguerite, le chef-d’œuvre de Mikhaïl Boulgakov, le Diable apparaît en personne sous la cape du magicien Woland. Le Diable est joueur: il s’amuse à tester la vanité et la crédulité des hommes. Et il sait qu’il n’est d’humains plus crédules que les incrédules de métier. C’est ainsi que son premier interlocuteur, Berlioz, vedette littéraire du Moscou soviétique et athée militant, finira décapité par un tramway, exactement comme le magicien le lui a prédit. Ah! S’il avait un seul instant pris au sérieux l’existence du Tentateur qui venait, justement, de lui offrir une cigarette…

     

    Des blagues à ne pas faire en société

    «Qu'est-ce que le Système?» me demandent sans cesse les idiots utiles du Système. (Tweet, 5.2.2017)

    Nous sommes témoins d’une plaisanterie semblable lorsque nous parlons du «Système». Il m’arrive ainsi de lancer des aphorismes à ce sujet dont les échos sont connus d’avance: «Complotiste!», me répliquent aussitôt des sceptiques venus de divers horizons culturels et politiques, mais qui ont généralement en commun un binôme de caractéristiques paradoxal: d’un côté, la foi dans le rationalisme et le «fact-checking», et de l’autre des convictions morales et politiques d’une naïveté extrême. Ils s’attribuent à la fois une haute capacité de discernement, une mission de «vigilance citoyenne» et une position critique vis-à-vis du pouvoir. Dans le langage ras-du-sol des services, ce sont de parfaits idiots utiles.

    L’idiot utile est celui qui croit qu’il ne croit pas ce qu’il croit, mais qu’il le sait. Que sa subjectivité n’y est pour rien. Que sa connaissance ne lui vient pas par un quelconque canal d’influence ou d’endoctrinement, mais de la vérité des choses elle-même. Sans filtre. Sans intermédiaire. Sans diable ni système.

    Le Système, selon eux, n’existe pas. Ou, s’il existe, il n’a ni malice ni intention particulière. Il fait partie du paysage comme le climat ou la course des astres et obéit aux décrets des institutions comme la charrue au laboureur. Ce qui existe, pour cette catégorie d’esprits, c’est l’«Antisystème», à savoir tous ces milieux étranges et «sulfureux» qui, sous couvert de «résistance» contre un spectre de leur invention, complotent pour renverser la démocratie. Quelquefois, souvent même, ces innocents décrètent que le Système, c’est justement ça: l’Antisystème. Tout comme les étiquettes, les causes et les effets s’intervertissent facilement. Pour que l’«Antisystème» soit moralement condamnable, pour qu’on puisse le censurer et le liquider sans états d’âme, il est nécessaire que sa cause soit une illusion. Mais entre ces deux termes, lequel découle de l’autre? La nécessité de bâillonner l’opposition à cause de ses mensonges, ou la nécessité de prouver que ses vues sont des mensonges afin de la bâillonner?

     

    C’est celui qui dit qui est!

    Les comploteurs dénoncent les complotistes. Quoi de plus normal? (Tweet, 31.1.2017)

    Et de même: où se situe le crime de complot, si complot il y a? La divulgation massive, par WikiLeaks, des e-mails de Mme Clinton et de son entourage montre que la direction du parti Démocrate avait été accaparée par des gens qui, littéralement, passaient leur temps à comploter en coulisses: contre la Libye, pour la destruction de l’enseignement et de la conscience civique, pour les intérêts du complexe militaro-industriel, et j’en passe. Le déchaînement même du milieu médiatico-politique face à cette divulgation montre que les tractations secrètes avec des agents d’influence sans investiture démocratique sont un mode de gouvernement admis et protégé. Ainsi le complot a-t-il été attesté comme une réalité indiscutable et omniprésente par ses protagonistes et défenseurs mêmes! Mais par un extraordinaire renversement rhétorique, le crime de complot a été rejeté sur ceux qui, justement, le dévoilaient au grand jour — ainsi que sur leurs hypothétiques alliés russes (car le mot «russe» est un utile déclencheur réflexe qui associe immédiatement à l’espionnage, à la propagande et à la désinformation). En effet, le seul moyen de berner le public et de détourner son attention du complot indiscutable qu’il avait sous les yeux était de pointer du doigt un complot bien plus menaçant, d’autant plus menaçant qu’on ne pouvait en montrer qu’une ombre: celui liant Poutine à Trump via Julian Assange!

    Et voici donc les comploteurs devenus complotistes à leur tour en dénonçant le complot des complotistes visant à faire éclater leur propre complot!

    On pourrait étendre ce jeu de miroirs à l’infini. Ce qu’il reflète fondamentalement est très simple et vieux comme le monde: les rapports de force entre l’ordre établi et l’opposition, entre le discours du pouvoir et sa contestation. Selon que vous serez puissant ou misérable,/Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir, résumait sobrement La Fontaine dans «Les Animaux malades de la peste». Ou Blaise Pascal, dans ses Provinciales, s’adressant à ses adversaires jésuites d’une mauvaise foi criante: «Vous êtes quatre-vingt docteurs, mes bons Pères, et je suis seul. Vous avez forcément raison!» (Je cite de mémoire.)

    Voilà donc le billard à mille bandes réduit à un vulgaire jeu de quilles: celui qui tient en main la grosse boule est en position de faucher les autres, un point c’est tout. Or, quoi qu’il arrive, la main qui tient la boule est celle du Système. Les quilles peuvent être blanches, jaunes, vertes ou rouges, elles peuvent être «de gauche» ou «de droite», mais le choix à l’échelon des existences se ramène à cela: il y a ceux qui lancent la boule et ceux qui attendent d’être fauchés ou épargnés par le projectile.

     

    Pourquoi tous ces faisceaux?

    «Une intelligentsia dominante, que ce soit en Europe, en Asie ou en Afrique, traite les masses comme une matière première qu’on peut soumettre à expérimentation, manipuler et gaspiller à volonté.» (Eric Hoffer, The Temper of Our Time, 1967)

    Le mot système vient du verbe grec systeô, qui signifie attacher ensemble, entrelacer. En politique, le système est souvent représenté par des faisceaux: les convergences d’énergies tenues ensemble par le pouvoir central. On pense machinalement à Rome ou au fascisme italien. On oublie que ces mêmes faisceaux sont aussi sur les armoiries de la présidence française. Le Système, c’est le fascisme absolu, l’ordre en soi, tel qu’il se maintient et se perpétue, abstraction faite de l’idéologie et des justifications qu’il se donne. Il prend de plus en plus d’autonomie à mesure que la société humaine se technicise et se complexifie, en cela même qu’il exclut les impondérables du facteur humain tels que le libre arbitre, le bon vouloir, la vindicte ou la clémence.

    La meilleure définition du mot tel qu’il nous intéresse ici a été donnée par Pontus de Thyard au XVIe siècle: «Ensemble dont les parties sont coordonnées par une loi». La loi est au centre. Le Système règne quand aucune volonté humaine, aucune loi morale ne peut se hisser publiquement au-dessus de la loi écrite. Sur le plan officieux, il en va tout autrement: plus la loi publique est rigoureuse, et plus les dérogations octroyées aux satrapes sont généreuses. Plus le commun est jugulé, et plus la nomenklatura s’auto-absout. Il suffit d’observer la classe politique pour s’en convaincre.

    Encore faut-il que ce que nos yeux voient puisse — ose — remonter jusqu’au cerveau et que celui-ci en tire des conclusions. C’est une étape que le Système s’emploie à désactiver en criblant de tabous le discours public avec l’aide cruciale du dispositif de l’instruction et des médias. Il aura fallu un dressage rigoureux pour enseigner aux consciences contemporaines à craindre l’invocation même du «Système» et à censurer ceux qui en parlent. La crédulité est l’un des éléments clefs de ce dressage. On apprend à admettre n’importe quelle affirmation, pourvu qu’elle vienne d’une source autorisée. Par exemple, qu’une simple grippe saisonnière est une menace pour l’humanité ou qu’un avion de ligne détourné par des pilotes amateurs peut faire crouler un gratte-ciel sans même le toucher. Cette crédulité implique à la fois de l’ignorance (en matière scientifique et logique) et de l’obéissance. Ce qui, à l’aube de la conscience éclairée, était considéré comme des tares à déraciner est devenu aujourd’hui des vertus «démocratiques» que les ingénieurs sociaux entretiennent.

    «Nous avons tous été assez satisfaits de dégrader le gouvernement, de laisser tomber le civisme et en général de conspirer à produire des citoyens ignares et obéissants» écrivait ainsi en mars dernier Bill Ivey, le «monsieur Culture» de Bill Clinton, à John Podesta, le chef de campagne de Mme Clinton. Ces agents d’influence étaient encore, en mars 2016, ceux qui tenaient la boule du jeu de quilles. Ils étaient au cœur du système, si certains de leur domination qu’ils se permettaient des aveux écrits qu’une personne avisée hésiterait à livrer même à l’oreille d’un ami. Ils ne pouvaient imaginer que, huit mois plus tard, ils se retrouveraient à la place des quilles.

    Ils n’y sont pas du reste, le Système ayant engagé une guerre totale contre ce président indésiré que les médias ne nomment jamais «l’homme le plus puissant du monde» ainsi qu’ils le faisaient avec tous ses prédécesseurs.

    Le Système est impersonnel, même s’il a un ample personnel à son service et même s’il confère à l’élite de ce personnel des pouvoirs dont les rois et les tyrans de jadis ne disposaient pas. L’erreur de ceux qui le contestent (et la technique de ceux qui veulent en détourner l’attention) est de le personnaliser: de réduire des lois générales et des mécanismes à des individus et à des traits de personnalité. Les gouvernements combattus par le Système sont systématiquement réduits à des régimes, et les régimes eux-mêmes à la seule figure de leur chef (Kadhafi, Saddam, Assad, Poutine…); cependant que les «Antisystème» s’acharnent à identifier derrière le mécanisme des «tireurs de ficelles» dont l’existence ou non n’a aucune importance.

    Lorsque l’action personnelle commence à compter réellement, c’est qu’on se trouve dans un système de pouvoir individualisé et donc, déjà, en marge du Système. La personnalité de l’ivrogne Juncker n’a pas plus de poids dans l’Union soviétique européenne que celle de l’ivrogne Eltsine n’en avait dans l’URSS finissante, deux systèmes inhumains en fin de course. L’opposition sourde et poltronne du pauvre Obama aux agissements de son propre appareil n’a en rien freiné l’emballement général. Mais le fait même que la personnalité de Vladimir Poutine infléchisse le cours de son histoire montre que la Russie est sortie, en partie, de l’orbite du Système.

    Une autre erreur courante consiste à prêter au Système une idéologie. Le Système n’a pas d’idéologie: il se sert en opportuniste de celle qui, à un moment donné, le plus à même de consolider et d’étendre son empire. Il optera naturellement de préférence pour des idéologies collectivistes, globalistes et légiférantes. Le Système est en soi un appareil de soumission. Il exige de chaque individu, à tous les échelons, une soumission plus ou moins étendue et accorde en échange la protection, la sécurité et des privilèges. D’où son alliance naturelle avec l’Islam, qui est la Soumission, si l’on peut dire, à l’état natif. D’un côté comme de l’autre, la Loi balaie les particularités humaines, les raisons individuelles et surtout ces «lois non écrites» d’Antigone qui, à travers les siècles, ont toujours dissuadé notre propre civilisation de se transformer en un mécanisme totalitaire.

     

    L’humain contre l’androïde

    Ne jamais nommer le Système: c'est le meilleur service à lui rendre. Persée ne pouvait croiser le regard de Méduse. (Tweet, 10.12.2015)

    Or ce que nous observons aujourd’hui dans nos aires est un bouleversement tectonique. L’évolution tranquille du Système vers ce mécanisme parfait via le perfectionnement technique couplé à la régression de l’humain a été bouleversée par une série d’événements politiques, mais aussi de prises de conscience psychologiques. Aux États-Unis, pour parler schématiquement, un outsider a réussi à prendre à revers le Système. Certes, M. Trump était une «huile» de premier plan de l’oligarchie américaine, mais le Système n’est pas réductible à l’oligarchie. Dans le cadre du Système, un juge vénal ou un journaliste illettré a la faculté de faire trébucher l’oligarque le plus puissant pour peu que son action serve le Système. Et non seulement Trump a-t-il réussi à enlever la présidence des États-Unis, mais encore s’emploie-t-il, depuis le premier jour de son mandat, à faire passer en force toute une série de mesures aussi perpendiculaires à la marche du Système que les bâtons qu’on met dans une roue.

    Pour le dire encore plus schématiquement: l’administration Trump, comme l’État de Poutine, comme nombre d’autres insurrections décriées comme «populistes», s’emploie à enrayer la stratégie du Système dans son cœur même, laquelle consiste à abattre toutes les frontières établies par des communautés humaines conscientes (et donc des souverainetés volontaires) pour les remplacer par de nouveaux cloisonnements hermétiques dont lui seul, le Système, aurait les clefs: systèmes de sécurité et de contrôle total, omnisurveillance, dématérialisation documentaire et monétaire, puçage et traçage. Ce n’est pas un hasard si les milliardaires de la Silicon Valley — qui sont pourtant de sa classe sociale — montent en première ligne contre le nouveau président américain, aux côtés des patrons des médias de masse et des vedettes du show-biz, principaux organisateurs du décervelage et de la régression de masse.

    L’enjeu de la lutte qui se développe aujourd’hui sous nos yeux dépasse les visions et la mission de tous les gouvernants de ce siècle et du précédent. Cette lutte est l’aboutissement d’une longue évolution de la civilisation européenne, qui a mis entre les mains de l’humanité les outils de sa libération en même temps que ceux de son anéantissement. L’enjeu est le choix entre une société encore calquée sur des destinées humaines ou une «entité» gérée par un Système anonyme épaulé par la mince élite gérant l’ensemble des banques et des médias et les prêtres informatiques de la post-humanité.

     

    Coda

    En ouverture de son ouvrage posthume (inédit en français), La fourmilière globale, Alexandre Zinoviev proposait au tournant du XXIe siècle une «fiction» terrifiante, qui pourtant paraît presque banale aujourd’hui:

    «Notre XXe siècle aura peut-être été le siècle le plus dramatique de toute l’histoire humaine du point de vue de la destinée des gens et des nations, des idées, des systèmes sociaux et des civilisations. Mais, toutes ces choses étant posées, ce fut aussi un siècle de passion et d’aventure: siècle d’espoirs et de désespoirs, d’illusions et de visions, d’avancées et de déceptions, de joies et de malheurs, d’amour et de haine… Ç’aura été, peut-être, le dernier siècle humain. A sa suite se profile une masse de siècles d’histoire suprahumaine ou posthumaine, une histoire sans espoirs ni désespoirs, sans illusions ni visions, sans avancées ni déceptions, sans joies ni chagrins, sans amour ni haine…»

    Bref, nous voici aux portes d’une masse de siècles où le Système aura éradiqué l’Homme. Ou pas?

     

    Slobodan Despot (Antipresse n° 63, 12 février 2017)

     

     

     

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  • Le journal d'Ukraine de Zakhar Prilepine...

    Les Éditions de la Différence viennent de publier le Journal d'Ukraine de Zakhar Prilepine. Journaliste, combattant et homme politique russe, Zakhar Prilepine est également un écrivain célèbre dans son pays. Une partie de son œuvre est disponible en traduction française, dont ses romans San'kia (Actes sud, 2009), Le Péché (Syrtes, 2009) ou Une fille nommée Aglaé (Actes sud, 2015).

    Ceux qui veulent en savoir plus sur cet auteur pourront utilement consulter le numéro 163 (novembre-décembre 2016) d’Éléments, dans lequel ils trouveront  un article de Slobodan Despot qui lui est consacré ainsi qu'un entretien qu'il a accordé à cette revue.

     

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    " Après "Je viens de Russie", "De gauche, jeune et méchant", Zakhar Prilepine cristallise la polémique sur une actualité dramatique qui dépasse les frontières du monde russe : l'Ukraine.
    Il y est allé souvent avant Maïdan et y est retourné après, comme correspondant de guerre et humanitaire. Il a levé les fonds et a consacré son prix du Grand Livre qui l'a auréolé en 2014 à l'organisation de convois pour le Donbass. Il les a lui-même accompagnés et a renouvelé l'opération en septembre 2015. Reporter sur le front, il sait mieux que personne mener le dialogue avec les combattants séparatistes que Kiev s'obstine à traiter de " terroristes ".
    La guerre, il l'a connaît depuis la Tchétchénie. Et il en parle sans pathos, avec une compassion toute retenue. L'émotion naît de la force de son écriture, pas d'une sentimentalité hypocrite.
    Non, la guerre en Ukraine ne l'a pas surpris : elle couvait depuis 1990 et les causes du conflit remontent à bien plus longtemps (les plus récentes renvoient à l'après-guerre de 14-18 et aux récidives pronazies des années 40). Son recul historique sur les événements qui ont éclaté en février 2014 se traduit par une analyse fine et sans concession du passé récent. " Le temps des troubles " que traverse l'Ukraine contemporaine, à l'instar de la Russie du début du XVIIe siècle, s'est tramé dans l'histoire. Et il explique comment. Avec une ironie mordante, il dissèque les responsabilités des acteurs politiques, russes et ukrainiens depuis l'effondrement de l'URSS. Il ne ménage pas la partie russe tout en assumant son soutien à la fermeté du Kremlin. Sa plume insolente ne rate pas les intellos du camp libéral qui, de Moscou ou de l'étranger, dissertent sans fin sur les options du Donbass, loin du front et loin de la misère. "

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